Ce colloque international et interdisciplinaire a pour objectif principal de se pencher sur la question de L’Afrique en devenir. Derrière cette question retenue, se trouve une orientation que les intellectuels de tout bord réaffirment en permanence : le continent de Cheikh Anta Diop est porteur de renouveau, il a un inépuisable potentiel de renouvellement. Cette idée a une très longue histoire. Dans le Gargantua, le narrateur reprend un proverbe cité par Érasme dans l’adage 2610 et dont la substance est empruntée à Pline l’Ancien et à Aristote : Ex semper Africa aliquid novi. Chargée de valeurs négatives (afro-pessimisme), positives (afro-optimiste) ou envisagée suivant les méthodes de la stricte prudence scientifique, l’Afrique est incontournable. À ce titre, elle a le statut d’une fatalité inscrite au cœur de la tragédie de l’Histoire, comme le pensaient déjà les idéologues de la Négritude.
De la sorte, l’UCAD semble se mobiliser pour la promotion effective des valeurs dont le continent noir est le symbole. La somme des invariants de la représentation permet aux chercheurs de spécifier l'image de leur terre-mère à travers laquelle beaucoup de problèmes sont théoriquement envisagés, mentalement intériorisés et socialement vécus. Il se dégage alors une imagerie des plus positives qui, sous bien des aspects, fait de l’Afrique une figure qui accompagne l'aventure des chercheurs dans leurs aspirations profondes et leurs rêves les plus fous.
La question permet aussi de définir exactement la nature des enjeux entre l’Afrique et la modernité pensée comme processus de problématisation du rapport à la tradition. Envisageant les modernités comme un « désordre de circulation et de précipitation » (P. P. Diop) et hantés par la prescience d'irrémissibles catastrophes, les penseurs ciblent tous le devenir du continent noir. Cette orientation se loge au cœur de la « modernité » qu’elle hante et au travers de laquelle elle se définit de nos jours ; elle participe à façonner les identités, tel qu’on les retrouve dans Les identités meurtrières (1998) d’Amin Malouf. L’Afrique est obligée de trouver une place au cœur du « choc des civilisations » (Samuel Huntington) et de se redéfinir en face de plusieurs problèmes : identité, sécurité, recherche, idéologie, éducation, mondialisation, numérique…
Car les choses ne sont pas simples, elles apparaissent sous des formes diverses et complexes ; chaque partie du monde s’affirme d’abord en insistant par sa spécificité. Ainsi se définit l'espace d'une représentation dont il convient exactement de poser les termes et de mesurer les enjeux dans la conscience la plus vive qu'il n'est rien de visible ou de pensable qui ne se réfléchisse en son double ou en son contraire. Analysées au niveau de ce qu'elles représentent et de ce qu'elles mobilisent, les positions sur l’Afrique ont un statut idéologique, philosophique et esthétique. En somme, chaque conception n’est reçue ou déçue dans son inspiration laïque ou religieuse, comme dans ses aspirations, que selon le bord théorique où elle se situe.
Et, dans le cadre de la mondialisation, les rapports entre les civilisations revêtent toutes sortes de configurations : contacts, échanges, frictions, conflits… Mais, contre la tentative d’homogénéisation, le colloque (re)pose avec beaucoup d’acuité le problème de la diversité. C’est un vaste laboratoire à l’intérieur duquel les chercheurs envisageront la question du rapport à l’autre et du dialogue des cultures sur le mode d’un enrichissement et non d’une synthèse qui gommerait toutes les différences. Le système idéologique dont on fait la promotion se fonde sur une démarche qui valorise la diversité ; il ne tend pas vers une uniformisation qui effacerait toutes les singularités ; au contraire, il reconnaît et accepte les différences.
C’est autour de ces questions riches de futur que se tiendra le colloque de la Faculté des Lettres de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
L’Afrique en devenir
En se référant au thème central, huit (8) axes ont été définis :
Axe 1 : La recherche en Afrique : enjeux et perspectives ;
Axe 2 : Enseignement, culture et éducation ;
Axe 3 : États Africains et sécurité ;
Axe 4 : Afrique, enjeux de santé et défis ;
Axe 5 : Afrique, gouvernance, mondialisation et géopolitique ;
Axe 6 : Citoyenneté et sociétés africaines ;
Axe 7 : Afrique, diasporas et identités ;
Axe 8 : L’Afrique et la question du genre.